Après tant de temps enfermée, prisonnière, frustrée, et anéantie, je pars ...
Je pars à l'autre bout du monde, je m'éloigne et m'en vais chercher ce que je ne sais pas, mais quelque chose qui n'existe plus, là où je suis.
Qui n'a jamais ressenti cela, la nécessité de reprendre depuis le début afin de récupérer ce qui a été perdu, dérober, oublier ?
Comment partir, alors qu'il reste tant à faire ? Comment se permettre cette liberté ?
Ma problématique : celle ne pas être empêchée de travailler, d'être toujours inspirée et d'assouvir ma créativité quelque soit le lieu ou je me trouve : J'allais travailler différemment.
Pas question de charger la mule : chevalet, pinceaux, tubes de peinture à l'huile, essence de térénetine, huile, toile ...et plus de place pour la trousse de toilette ?
Afin de me déplacer sans frustration et de pouvoir continuer dans une démarche de créativité, quelque soient les circonstances ou plutôt des lieux très éloignés de l'atelier classique où trône le chevalet lourd et ancré.
Il n'y a pas à tergiverser, j'ai envié le photographe, grand gagnant de la saisie visuelle de l'instant présent, pour m'orienter vers une technique de peinture du voyageur aguerri, l'aquarelle.
A 4 ans, le père Noel m'a offert des craies de couleurs, à 24 une palette d'aquarelle . J'ai donc embarqué la boîte d'aquarelle, avec un brun d'anxiété, celle du débutant .
Mon défit était de faire preuve de nouveauté, savoir sortir de mon confort, laïtmoviv des gagnants (je rigole), accepter l'échec, le navet, la croute, une catastrophe possible, ou la surprise, la belle et acceptable réussite.
Je pars !
Alors, je prends ....le mi-ni-mum !
Le plus léger possible ;
-crayon de papier -taille crayon
-gomme
- une boite d'aquarelle ( déjà pré-remplie). La mienne est de taille moyenne, 12X 7 cm dans laquelle sont rangés,
les godets qui contiennent les pigments mesurant de 2 X 1,5 cm : même cela c'est beau.
-Des pinceaux 4-5 dont un grand plat ( qui permet de faire les fonds),
-Des feuilles de papier à dessin spéciales aquarelles (300g/m2), dont le grammage, la qualité du papier reste très important, au risque d'avoir un papier qui gondole et donc un résultat affligeant.
-Un rouleau de scotch de masquage qui permet de faire une marge et qui donne tout de suite un effet d'encadrement.
Je me suis aussi donnée un objectif de réalisations, afin de restée centrée sur la démarche, et de ne pas céder à la tentation, éviter de partir en "live " de procrastination. Je pars 20 jours, jai donc apporté 8 feuilles d'aquarelles de format moyen et petit.
Un objectif facile et réalisable : même chez les artistes, çà existe !
Ce qui était particulièrement enrichissant, c'était aussi de découvrir le travail de mes autres collègues artistes, me projetant sans douter de rien sur des possibilités d'exposer si loin de tout domicile fixe.
J'ai compris que les leurs oeuvres étaient empruntes d'une culture si forte, qui ne se reflétait absolument pas dans mes dessins et que cela m'a même semblé absurde ne ne pas l'avoir appréhendé: j'en tombe de mon nuage...
Enfin, mes petites oeuvres réalisées, ont été exposées dans le jardin d'Ivana T. , suspendues en toute humilité et fraternité sur un fil le long d'un beau mur aspect " parpaing et végétal " pour la plus grande joie de la famille et des amis. Chacun est venu admirer la présentation de la peinture à l'eau en guise de balade digestive : il n'y a pas eu de malade...
Comments